Nous vous proposons une originale version de table de jardin.
Par Alan Holtham
Nous vous proposons un important projet extérieur, qui prendra seulement deux ou trois jours à construire et apportera des heures de plaisir à vos expériences culinaires en plein air cet été ! Malgré une apparente simplicité, la conception a demandé énormément de réflexion, pour prendre en compte l’ensemble des contraintes tout en essayant de ne pas faire un ouvrage trop compliqué à réaliser. J’ai voulu éviter le traditionnel cadre en forme de « A » sur lequel sont solidarisés une table rectangulaire et deux bancs. Ce style de table, généralement utilisé pour les aires de pique-nique et d’une conception pourtant robuste et à toute épreuve, n’est cependant pas très pratique pour s’asseoir. J’ai aussi souhaité une table où chaque place soit facilement accessible aux handicapés. De plus, elle devait être rapidement et facilement démontable pour pouvoir être mise à l’abri pendant l’hiver. Pour terminer, il fallait respecter un budget de 75 euros et utiliser les outils électroportatifs courants d’un atelier.
Une fois ces contraintes acceptées et après quelques recherches sur Internet, je me suis dirigé vers un design hexagonal avec trois sièges doubles facilement accessibles de chaque côté. Comme matière première, j’ai utilisé des poteaux pour construction à ossature bois de section 95 x 46 mm relativement bon marché et, bien que non rabotée en standard, assez lisse pour du « brut » de sciage. Il a seulement fallu usiner les arêtes avec une fraise quart-de-rond pour obtenir un résultat final flatteur avec un minimum de travail.
Seul inconvénient, chaque morceau de bois porte sur une face des informations sur sa catégorie, écrites à l’encre. Étant donné que j’allais peindre le banc, ce n’était pas vraiment un problème. Mais si vous prévoyez d’utiliser une finition claire, il faudra alors sabler l’inscription, ou raboter les faces par une passe très légère. Vous pouvez aussi, en option, traiter le bois à cœur pour une meilleure durabilité mais c’est une solution beaucoup plus onéreuse.
Avec une forme de base hexagonale, vous aurez à faire un nombre important de coupes d’angle… Une scie radiale est donc presque indispensable. Avant de commencer, faites une coupe dans une pièce d’essai pour vérifier que l’angle est correct et le chant parfaitement d’équerre.
J’ai utilisé des poteaux de 4,2 m de long qui, s’ils ne sont pas pratiques à manipuler, permettent de réduire au minimum les pertes. Une servante à rouleau ou, à défaut, un tréteau rendra le sciage plus facile et aussi plus sûr. Les servantes à rouleau font office de troisième main dans l’atelier et, à mon avis, particulièrement les modèles à billes.
Dans un premier temps, les trois composants du cadre principal sont disposés dans leur position finale et les emplacements des assemblages à mi-bois tracés par recouvrement. Rappel : les entailles à mi- bois doivent être pratiquées sur les chants opposés de chaque morceau. Comme la structure entière du banc dépend de la qualité de ces assemblages, j’ai finalement choisi une méthode faisant appel à la défonceuse pour parvenir à cet assemblage, ce qui permet d’obtenir un jointement parfait avec un effort de taille minimal. Pour un résultat précis, vous devrez néanmoins réaliser un gabarit très simple d’emploi, à utiliser avec une longue fraise droite et une bague de copiage montée sur la semelle de la défonceuse.
Utiliser le blocage de profondeur de la scie radiale pour effectuer l’entaille complète de l’assemblage à mi-bois demanderait beaucoup de temps et le résultat ne serait pas très net. Ainsi, il est préférable de s’arrêter à 1 ou 2 mm à l’intérieur des traits d’arasement.
Faites sauter l’entaille de l’assemblage au ciseau en laissant un peu de matière.
Serrez alors le gabarit d’usinage sur la pièce en faisant coïncider les arasements du gabarit et les traits d’assemblage.
Le cadre triangulaire se monte simplement, exigeant juste un léger coup de maillet en caoutchouc pour emboîter les assemblages correctement.
Pour une finition plus nette, j’ai chanfreiné les arêtes extérieures de l’assemblage avec une fraise quart-de-rond afin de correspondre au profil de bord existant.
Les six pieds peuvent maintenant être mis à longueur, avec un angle de 15° à une extrémité pour produire l’inclination nécessaire du dossier.
J’aurais aussi pu couper le haut de chaque pied avec ce même angle, mais j’ai pensé qu’un angle double serait préférable.
Tous les bords de coupe sont chanfreinés pour correspondre aux arêtes des longueurs. Pour cette tâche, je préfère utiliser une affleureuse légère et très maniable.
Même si je ne souhaitais pas une finition trop lisse pour ce projet, un ponçage rapide avec une ponceuse orbitale offre un meilleur résultat au toucher, tout en supprimant l’apparence « bois de construction ».
Maintenant, vous pouvez commencer l’assemblage, qui reste délicat si vous ne surélevez pas les pièces ; pour ce faire, j’ai utilisé diverses cales afin de mettre le cadre principal à niveau et de visser les pieds. Vous pouvez utiliser une entretoise pour vous garantir que chaque traverse soit fixée à la même hauteur sur chaque pied.
Pour les différents assemblages, je pense qu’un léger chevauchement des pièces est plus esthétique.
Si vous n’avez qu’une seule visseuse, pensez à utiliser un mandrin à emboîtement rapide qui vous facilitera la tâche et vous fera gagner du temps lors du changement de mèche et d’embout pour les opérations successives de perçage, taraudage et vissage.
Le cadre de la base a bientôt sa forme définitive. Facilitez-vous le montage en travaillant sur une surface parfaitement plane… sinon, il faudra placer des cales sous les pieds et vérifier l’ensemble à l’aide d’un niveau.
Les montants verticaux de la table étant positionnés entre les traverses suivant un angle à 60°, les supports doivent donc être coupés selon cet angle pour pouvoir s’emboîter parfaitement. Je n’ai pas trouvé d’autre alternative que d’effectuer ces
coupes à la scie à main.
Les montants sont ensuite simplement vissés en place (j’ai utilisé deux vis placées en quinconce de chaque côté des traverses)…
La ceinture hexagonale de la table est fabriquée avec les mêmes matériaux. L’assemblage est réalisé par vissage sur les montants verticaux à l’aide d’une simple vis en bout de chaque pièce. Cet assemblage succinct est suffisant, car il sera rigidifié par le plateau de dessus.
La structure étant maintenant complète, il ne reste plus qu’à ajouter le plateau de table, l’assise et le dossier des sièges. Pour alléger ces pièces, j’en ai réduit l’épaisseur à 40 mm, ce qui permet d’avoir au bout du compte un aspect moins massif mais suffisamment robuste.
Les lames du dessus de table sont vissées par en dessous. Pour respecter l’espacement, j’ai utilisé des entretoises qui permettent de maintenir un écart constant. Pour augmenter la rigidité de l’ensemble, positionnez les lames de façon à recouvrir les assemblages de la ceinture : ainsi, les différentes pièces de la ceinture seront vissées deux par deux dans une même lame.
La difficulté consiste à bien calculer la taille de l’hexagone et la largeur des lames, afin que le sommet de l’hexagone couvre parfaitement la ceinture et que la dernière lame soit de taille suffisante pour rigidifier l’ensemble.
Le plateau étant complet, il faut alors effectuer un ponçage minutieux car ce bois présente des défauts importants.
L’assise du siège est constituée de trois lames vissées sur les traverses, dont les extrémités sont coupées en angle afin de faciliter le passage et l’assise.
Le dossier est constitué d’une simple lame vissée sur le chant des pieds. J’avais envisagé de l’usiner pour l’inclure dans le chant du pied et ainsi augmenter la surface d’appui mais, en réalité, une simple vis par pied est amplement suffisante.
Si vous prévoyez d’utiliser un parasol, percez un trou de taille adaptée au milieu de la table et arrondissez l’arête supérieure avec une fraise à chanfreiner.
La fabrication de la table et des bancs m’a demandé environ 12 heures. Ce qui n’était qu’une ébauche aux dimensions approximatives s’est avéré être correct ! J’ai été particulièrement heureux que la forme des sièges permette un accès facile aux handicapés, comme exigé dans le cahier des charges.
Pour le démontage et le remontage sur site, il m’a fallu seulement 10 minutes, montre en main, avec une visseuse électrique.
Pour la finition, j’ai utilisé une lasure colorée spéciale extérieur, résistante aux intempéries et à la lumière directe du soleil, que j’ai appliquée avant le montage pour que toutes les surfaces puissent être couvertes.
Réalisation du gabarit d’assemblage
Vous devez calculer l’espacement entre les deux guides en MDF ; pour cela, il vous faut calculer la marge à prendre en compte lors de l’utilisation de la bague de copiage. Elle dépend des diamètres relatifs de la fraise et de la bague. Marge de guide = (diamètre extérieur de la bague – diamètre de la fraise) ÷ 2
a – Vous aurez besoin de deux ou trois pièces de bois de construction de 350 mm de long, qui seront positionnées de chaque côté de la pièce à usiner, et de deux ou trois pièces de MDF avec des chants parfaitement rectilignes.
b – En utilisant une chute provenant des traverses comme entretoise, fixez le premier morceau de MDF sur les deux tasseaux du gabarit avec un angle de 60°.
c – Pour un gabarit à guidage interne comme celui-ci, la marge doit être ajoutée à la dimension de la pièce pour chaque arête. Vous pouvez alors fixer la deuxième plaque de MDF en respectant cet espacement.
d – Dans notre cas, j’ai utilisé une bague de copiage de 30 mm et une fraise droite de 12,7 mm : pour simplifier, on arrondit à 13 mm. Donc, la marge est de : (30 – 13) ÷ 2 = 8,5 mm.
e – Avec le gabarit assemblé, faites quelques coupes d’essai. Vérifiez l’ajustement de l’assemblage. N’essayez pas d’être trop serré, sinon vous aurez des difficultés à assembler, en particulier si le bois devient humide et gonfle légèrement.
f – Le gabarit doit glisser le long de la pièce sous l’effet d’un léger coup de maillet. Il m’a fallu trois essais avant d’avoir le bon gabarit. L’erreur commise sur des pièces d’essai est la meilleure façon d’apprendre.
g – Si l’écart entre les guides est légèrement trop étroit, vous pouvez facilement en dévisser un et le rectifier. Il est beaucoup plus dur de réduire l’écart si vous l’avez initialement fait trop grand, à moins d’avoir une lime à épaissir.
Astuce
Si la table ne doit être assemblée qu’une seule fois, il est bon de seulement fraiser les têtes devis et d’enfoncer la vis sous la surface du bois.
Mais si une des exigences de cette table est de pouvoir être facilement démontée, les vis enfoncées trop profondément ont tendance à arracher le bois de construction quand vous les enlevez.
Évitez cela en utilisant des rondelles : vous n’aurez alors aucune difficulté avec des dégâts causés lors des démontages ultérieurs.
Cet article est extrait du magazine Atelier Bois N°174 < Découvrir le numéro 174 de L’Atelier Bois >