Réalisation

Des étagères entaillées

Un petit travail d’atelier pour la réalisation d’étagères entaillées… tout à la fois résistantes et esthétiques.

Les panneaux modernes offrent des solutions polyvalentes et rapides non seulement pour la construction de meubles, mais surtout pour l’aménagement intérieur. Que ce soit pour l’aménagement d’une cuisine ou la création de surfaces de rangement dans un magasin ou un cellier, le travail devra être propre et réalisé avec soin. Pour la découpe de panneaux, vous avez le choix : soit, pour les débits importants, vous passez directement par votre négociant – dans la mesure où vous n’êtes pas équipé d’une scie à format bien entendu (et d’une lame carbure à 96 dents à pas trapézoïdal !…) ; soit, pour les petits débits, vous procédez à un premier débit plus ou moins grossier à la scie circulaire portative et terminez à la défonceuse par un calibrage précis à l’aide d’une fraise à roulement du même nom. De toute façon, dans les deux cas, vous devrez masquer les chants. La solution d’un chant plastique appliqué à chaud est à déconseiller, sauf pour les travaux grossiers. Pour un bon résultat, solide et esthétiquement satisfaisant, je vous conseille fortement un chant de bois massif d’une largeur comprise entre 5 et 50 mm, pour une épaisseur égale à celle du panneau. La largeur est plus une question d’esthétique que de solidité. Nous vous proposons de vous présenter dans un pas à pas la réalisation d’une petite étagère entrant dans l’aménagement du magasin de vente d’un apiculteur breton.

 

1 Des alèses de 5 à 10 mm d’épaisseur sont collées à plat. Pour une épaisseur comprise entre 
10 et 25 mm, il est plus prudent de prévoir des lamelles de 0, 10 ou 20 selon l’épaisseur du massif. Pour une épaisseur supérieure, on parle alors de massifs, je vous conseille fortement de faire appel à la machine à Domino® de chez Festool. 

 

 

2 La première étape est l’établissement et le traçage. Pour un bon positionnement des alèses, jusqu’à une longueur de 500 mm deux lamelles suffisent, trois pour un mètre et quatre au-dessus. Vous pouvez bien entendu en poser un nombre plus important, ce sera simplement plus long.

 

 

3 Pour l’entaillage mécanique des étagères, un tapis antiglisse est efficace, malgré l’apparence, et très pratique, à condition d’exercer une pression verticale suffisamment forte sur la semelle de la machine. 

 

 

4 Pour de petites étagères, je vous recommande vivement l’utilisation de serre-joints ; suffisamment grands pour être efficaces, mais pas trop encombrants néanmoins pour ne pas gêner le passage de la machine. 

 

 

5 L’entaillage des petits bois est franchement plus délicat et, pour éviter les rejets, il vous faudra prévoir un rapide montage. L’installation représentée sur la photo est aussi simple qu’efficace : le massif est posé sur le tapis et retenu en arrière par une étagère, elle-même immobilisée par deux serre-joints. La pression exercée lors de l’usinage par la machine bloque l’ensemble.

 

 

6 Attention à l’encollage des chants de panneaux mélaminés !… le bois comprimé étant très poreux, il faudra procéder à un double encollage des chants à la colle vinylique (B3 ou D4) avec un séchage sommaire entre les deux. 

 

 

7 L’encollage d’un bois massif, puisque moins poreux, pose moins de problèmes. Il faut simplement être attentif à bien faire pénétrer la colle sur les chants et au fond des entailles pour permettre un parfait accrochage de la lamelle. Un léger coup de marteau antirebond assure une pénétration complète.

 

 

8 Dans le cas de l’alésage, les lamelles sont essentiellement une garantie de bon alignement du massif et du panneau, et n’ont pas comme on pourrait le croire la fonction première de renforcement de la solidité. 

 

 

9 Dans le cas d’un désaffleur panneau/massif, dû au mauvais appui de la semelle de la machine à poser les lamelles, on pourra rattraper le défaut par la mise en place d’une cale de bois maintenue par un petit serre-joint à vis. 

 

 

10 On peut aussi utiliser un serre-joint à serrage rapide et à platine de serrage plate, ce sera beaucoup plus rapide de mise en place et tout aussi efficace. 

 

 

11 Pour obtenir un rigoureux alignement des alèses sur le panneau, il vous faudra, après avoir prévu une surépaisseur des massifs de 1 à 3 dixièmes, passer un léger coup de rabot à l’aide d’un outil fraîchement affûté dans les règles de l’art. Pour éviter les éclats, je vous recommande de le présenter à 45° comme indiqué sur la photo.

 

 

12 Si vous maîtrisez le fonctionnement du racloir, c’est une rapide et efficace alternative au rabot que je ne peux que vous recommander. Vous minimiserez ainsi les risques d’éclats pour un résultat au minimum équivalent, tout au moins du côté de la qualité de la finition. 

 

 

13 Pour un bon alignement, il est indispensable que la longueur des massifs dépasse de quelques centimètres celle des étagères. Une coupe, après affleurage, dans l’alignement de l’extrémité de l’étagère permettra un alignement définitif précis. Une scie radiale est tout indiquée pour cette opération.

 

 

14 À défaut d’être équipé d’une scie radiale, vous pouvez aussi travailler à la scie circulaire stationnaire. La coupe sera tout aussi précise. Si vous ne possédez aucun équipement stationnaire, vous avez en dernier recours la possibilité d’une coupe à la main (avec une scie japonaise de préférence), avec un à deux millimètres d’excédent et un affleurage au lapidaire.

 

 

15 L’entaillage des montants à la défonceuse est une opération délicate. La première tâche est la fabrication d’un gabarit de guidage avec un maintien latéral de chaque côté, comme indiqué sur la photo. 

 

 

16 Pour un parfait positionnement de la règle, vous devez connaître la distance entre le côté de la fraise que vous allez utiliser pour l’usinage et le bord de la semelle de la défonceuse. La meilleure façon de la connaître, c’est encore de la mesurer, au réglet, ou au mètre rigide.

 

 

17 Une fois la distance connue, il suffira de la reporter directement sur les montants pour pouvoir positionner le guide à la bonne distance des traçages correspondant aux défonçages à effectuer. 

 

 

18 N’oubliez surtout pas de vérifier l’équerrage avant de serrer fermement le guide à l’aide de deux serre-joints. 

 

 

19 Une fois les réglages effectués, ceux du guide comme ceux de la fraise de défonceuse (profondeur d’entaillage), vous n’avez plus qu’à pousser votre défonceuse (avec le guide à droite) ou à la tirer (avec le guide à gauche) pour effectuer l’usinage. 

 

 

20 Le panneau mélaminé est un panneau dont le recouvrement éclate facilement, et ce d’autant plus qu’il est de mauvaise qualité ! La seule méthode pour obtenir des coupes rigoureusement propres est de procéder par paliers successifs de hauteur de fraisage. Dans l’idéal, la première passe ne devrait enlever qu’une épaisseur de quelques dixièmes de millimètre.

 

 

21 Vous devez, bien entendu, arrêter l’usinage au ras du massif et ne pas l’attaquer. Pour obtenir une coupe franche et perpendiculaire, il vous faudra terminer par un coup de ciseau à bois (d’une largeur égale à celle de la rainure usinée).

 

 

22 Il ne reste plus, pour une bonne pénétration dans le montant, qu’à dégager à la scie circulaire le massif de chaque côté de l’étagère.

 

 

23 Et voilà ! la pénétration de l’étagère est parfaite dans une entaille aux bords sans éclats. 

 

 

24 Si l’on souhaite une fixation invisible, il n’est pas question d’envisager un vissage depuis l’extérieur. La seule solution est la pose par tourillons, ici de 8 ou 10 mm de diamètre. La méthode de repérage utilisée ici est celle, classique, par pointes.

 

 

25 Après avoir coupé à la tenaille russe la tête de clous fins enfoncés aux emplacements des futurs tourillons, on présente avec précision l’étagère correspondante de manière à reporter la marque des pointes. 

 

 

26 Pour un repérage sans erreurs, je vous conseille d’entourer d’un coup de feutre fin la trace du marquage. Au moment du perçage, ce sera le repère pour la pointe de centrage de votre mèche à bois. 

 

 

27 Vous pouvez aussi utiliser des ergots de report de marquage, une fois les trous percés dans votre étagère !… les deux méthodes sont équivalentes et, franchement, je n’ai jamais remarqué – pour les avoir pratiqués toutes les deux – de notables différences au niveau de la précision. Personnellement, je pratique celle avec les pointes depuis maintenant près de quarante ans et n’ai pas à m’en plaindre.

 

 

28 Deux défauts vous guettent. Un perçage trop profond et/ou pas rigoureusement perpendiculaire. Dans le premier cas, une butée sur la mèche évitera le problème mais dans le second cas, seule une longue pratique vous évitera de déverser si vous travaillez sans cale de guidage ; ou alors, adoptez la technique bien connue de la cale d’équerrage. 

 

 

29 La pose de tourillons est une dernière formalité, sans difficultés notoires, avant le montage définitif. Deux petites recommandations tout de même : travaillez avec une colle vinylique à prise lente et utilisez des tourillons prêts à l’emploi, ils sont déjà chanfreinés et rainurés…

 

 

30 Et voilà, il n’y a plus qu’à procéder au montage et au serrage, à vérifier l’équerrage et à laisser sécher une nuit pour obtenir une parfaite rigidité.

 

 

Cette réalisation est extraite du numéro 177 du magazine L’Atelier Bois disponible sur kiosque21.com

 

 

 

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À propos de l'auteur

Oriane L'atelier Bois

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