C’est typiquement anglais, un banc de jardin en chêne. Jim Robinson a construit cet ouvrage massif de la façon la plus traditionnelle. Par Jim Robinson
Il y a presque cinquante ans, j’ai construit un banc de jardin en m’appuyant sur la conception de Charles Haywood parue dans Woodworker. À l’époque, il avait été réalisé dans un chêne japonais et a donné de bons et loyaux services tout au long des années ; néanmoins, son état s’est dégradé, surtout l’assise comme on peut le voir sur la photo ci-dessous à gauche. Plutôt que de le restaurer, j’ai préféré le remplacer par du chêne européen. Les dimensions sont imposantes : 130 cm de long pour une hauteur de dossier de 90 cm (voir la figure 1).
Section standard
J’ai utilisé récemment du bois de construction de section assez importante pour construire un lit et une grande table. Il me restait suffisamment de belles « chutes » pour mon nouveau projet de banc massif. Les pieds et les accoudoirs ont été délignés dans un plateau de 75 mm. Des morceaux déjà calibrés en 63 mm d’épaisseur ont servi pour les supports de l’assise et les traverses basses du piètement. Les longues traverses de 38 mm et les lames de dossier et de l’assise de 25 mm ont aussi été prises dans le stock de bois déjà à ces cotes.
Préparation des côtés du banc
Les différents morceaux composant les côtés du banc sont dessinés (figure 2) sur un quadrillage. Le côté d’un carreau mesure 2,5 cm. Ces dessins peuvent être agrandis (de 200 pour cent) à la photocopieuse et servir de patron à l’échelle 1. Découpez chaque patron en laissant une marge de 5 mm à l’extérieur du trait. Disposez ces modèles sur le plateau massif de façon à minimiser les chutes (photo 1) et, lorsque vous êtes satisfait du positionnement, tracez le pourtour de chaque modèle. Enlevez l’aubier à la scie à ruban (photo 2). Corroyez pour obtenir des pièces planes de 70 mm pour les pieds et l’accoudoir. Recopiez le patron sur la pièce à l’aide d’un papier carbone (photo 3). Chantournez les pièces à la scie à ruban en laissant quelques millimètres de marge pour ne pas « manger » le trait (photo 4). Laissez aussi une surcote pour la longueur des tenons. Passez les pièces droites à la dégauchisseuse (photo 5) ; les parties courbes sont affinées à la ponceuse à bande ou à la râpe, et lissées au racloir.
Assemblage des côtés du banc
Quand toutes les pièces sont prêtes, positionnez les pieds avant et arrière à leur vrai écartement et placez dessus les traverses et l’accoudoir (photo 6). On peut ainsi tracer facilement sur chaque pièce le « croisement » de l’autre. Tracez ensuite l’arasement des tenons et, en tenant compte des épaulements, tracez l’angle et la position des mortaises.
Perçage des mortaises
Les mortaises sont usinées à la défonceuse équipée d’un guide parallèle (photo 7). Si vous utilisez cette méthode, vous devrez pour les parties courbes ajouter une règle droite afin de servir d’appui au guide (photo 8). Ainsi, la mortaise aura un angle correct. Équarrissez ensuite les mortaises au bédane.
Coupe des tenons
J’ai enlevé tous les épaulements à la scie à main, mais j’ai utilisé la scie à ruban avec un guide parallèle pour enlever les joues. Les arasements, légèrement courbes, ont été repris au ciseau.
Premier collage
Collez chaque paire de pieds avec la traverse latérale basse et le support de l’assise. Patience, l’ajustage des accoudoirs se fera plus tard. Le serrage est effectué avec des serre-joints (photo 9). J’ai utilisé de la colle blanche résistante à l’humidité, parce que le banc doit supporter des conditions extérieures. J’ai essayé la colle polyuréthane dans le passé, mais je préfère la colle blanche, plus « propre ». N’hésitez pas à mettre de la colle en abondance pour qu’il n’y ait aucun chemin capillaire permettant à l’eau de pluie de pénétrer.
Ajout des accoudoirs
Après avoir enlevé les serre-joints, positionnez l’accoudoir en place. Tracez l’arasement des tenons sur le pied avant et l’accoudoir, et ensuite l’emplacement de la mortaise (photo 10). Effectuez un léger chanfrein sur le tenon de l’accoudoir pour pouvoir positionner celui-ci sur le tenon du pied avant. Faites un montage à blanc avant le collage et le serrage (photo 11).
Traverses avant et arrière
Coupez les traverses à longueur et usinez les tenons rentrants dans les mortaises des pieds. Chantournez les traverses comme indiqué figure 3, à la scie à ruban, puis lissez les bords à la ponceuse et au racloir.
Le dossier
Avant la jonction des traverses avec les côtés, vous devez assembler le dossier. Ce modèle (maquette) est à deux places, avec quatorze lames également espacées. Les lames font 45 mm de large et 19 mm d’épaisseur. Usinez les mortaises à ces dimensions (photo 12), espacées comme indiqué à la figure 3. Il n’y a en effet aucun épaulement pour l’adaptation des lames. Cela facilite le travail si une lame doit être remplacée dans l’avenir. Assemblez alors le dossier et maintenez-le avec des serre-joints (photo 13).
Assemblage de l’ossature
Avant de coller traverses et côtés pour former l’ossature de base (photo 14), pratiquez deux encoches au centre des traverses de l’assise pour accueillir le support central. Réalisez une queue-d’aronde dans chaque encoche. Cet assemblage permettra au support central de maintenir l’écartement des traverses. Le support central, ainsi que les deux pièces rapportées sur les supports de l’assise et les supports latéraux, ont le même profil (voir la figure 4). Ils devront être chantournés avant montage.
Fabrication des lames de l’assise
Rabotez les lames pour les amener à 22 mm d’épaisseur. Chanfreinez les arêtes supérieures à la défonceuse avec une fraise à 45° munie d’un roulement à billes.
Préparation du support
Les lames de l’assise sont fixées par des vis laiton non traversantes. Les vis sont fixées par le dessous dans le support central et les deux pièces rapportées à l’intérieur des supports latéraux. Les lames sont positionnées sur l’ossature afin de tracer l’emplacement des vis. On peut alors percer les supports (comme montré dans la photo 15) et fraiser la tête de vis. Chaque lame est ensuite repositionnée sur l’ossature pour marquer l’emplacement des vis. Des avant-trous au diamètre légèrement inférieur aux vis sont pratiqués.
Fixation des lames de l’assise
Positionnez les lames en respectant leur espacement par des cales. Serrez les lames à l’aide de serre-joints et d’une cale contre-profil (photo 16). Le vissage est effectué par le dessous après avoir retourné le banc.
Chevillage des tenons
Tous les tenons sont bloqués avec des chevilles de 6 mm. Les perçages sont effectués par l’intérieur sur plus de la moitié de l’épaisseur du pied. Assurez-vous qu’ils traversent le tenon. Les chevilles sont réalisées à la main. Elles sont d’abord formées de manière grossière, légèrement surdimensionnées et ensuite passées dans une plaque métallique perforée au bon diamètre (photo 17). Les chevilles sont ensuite collées et, après séchage, arasées.
Finition
J’ai préféré n’appliquer aucun produit de finition et laisser le chêne se patiner avec le temps puis prendre une teinte argentée. Surtout, pas de vernis, qui craquerait sous l’effet du temps et des ultraviolets. Si vous voulez lutter efficacement contre la mousse, passez un simple éclaircisseur pour protéger le bois.
Cet article est extrait du magazine de L’atelier Bois N°157 >Découvrez le magazine<