Sans doute le feuillu européen par excellence et l’essence la plus cultivée et travaillée en France, 
le chêne n’a jamais perdu ses lettres de noblesse, bien au contraire. Arbre majestueux qui peuple avan- tageusement nos forêts depuis le XIXe siècle, le chêne – et en particulier le chêne de France – est aujourd’hui une denrée très prisée. Un grand classique avec lequel tout est possible. Excellent bois d’œuvre, dénué d’aubier, il convient aussi aux usages extérieurs. Ses qualités esthétiques en font le partenaire idéal pour la réalisation de mobilier de qualité. Au sol, le parquet en chêne est toujours le plus demandé et rien ne vaut un fût de chêne pour le bon élevage du vin. Alors quelles sont ses caractéristiques, et surtout où peut-on ac- quérir aisément des bois de sciage de chêne de qualité en France ?
Par Alice Heras
Coupe transversale de chêne
De la famille des fagacées, tout comme le hêtre ou le châtaignier, le chêne fait référence à deux espèces différentes : le chêne pédonculé et le chêne sessile. Si les arbres peuvent se distinguer, le chêne pédonculé ayant un port irrégulier et tourmenté, tandis que le chêne sessile s’étale en éventail, les deux espèces produisent un bois similaire. Les chênes pédonculés préféreront des sols gorgés d’eau, les chênes sessiles au contraire pourront s’accommoder de terrains plus secs. Au final, leurs forêts s’étendent sur une grande partie de l’Europe tempérée, de l’Atlantique à l’Oural et du sud de la Scandinavie aux îles méditerranéennes.
Les sols riches, profonds et bien alimentés en eau toute l’année sont le terrain de prédilection des chênes pédonculés.
Joli blond
L’aspect du chêne est très caractéristique : son aubier est clair et peu épais, le duramen variant, lui, du brun clair au brun doré. C’est un bois au fil droit, régulier, avec un grain moyen qui peut varier de fin à grossier, avec des zones poreuses. Les cernes d’accroissement sont souvent très visibles et les rayons particulière- ment larges et hauts. Ils donnent au chêne son allure spécifique. Le grain du chêne est très important : il détermine son type d’usage. Il dépend du rapport entre la largeur du bois initial et du bois final (que l’on appelle aussi plus communément « bois de prin- temps » et « bois d’été ») et la largeur du cerne. Ainsi, une croissance rapide se traduit chez les feuillus par une augmentation de la densité du bois. Or, plus un bois a une texture forte, plus le grain est grossier. Les arbres à croissance lente offriront un grain plus fin et un bois plus tendre, moins nerveux, plus clair, se travaillant dans l’ensemble plus facilement.
ONF / Deux millions de m3 de chêne sont récoltés en France chaque année.
Une essence française…
La France est le deuxième producteur mondial de chêne. Autant dire que la ressource est abon- dante : si la forêt abrite plus de 600 millions de m3 de chêne, ce sont environ 2 millions de m3 de chêne qui sont récoltés chaque année, dont environ la moitié par l’Office national des forêts (ONF), soit moitié-moitié pour la forêt publique et privée. Le bois récolté demeure essentiellement en Europe : « 85 % du chêne produit en France est transformé dans l’Union européenne », explique Aymeric Albert, chef du département commercial bois de l’ONF. La Fédération nationale du bois (FNB) s’est pourtant émue, en 2018, des exportations de chêne vers la Chine qui étaient supérieures de 35 % cette année-là – soit 35 218 m3 – par rapport à l’année précédente. « La FNB travaille depuis de nombreuses années sur ces tensions pour que les industriels français se fournissent en priorité », explique de son côté Éva Cojean, chargée de mission 2e transformation et suivi de la normalisation à la FNB. Un label UE a ainsi été mis en place par l’ONF : « Nous privilégions les acheteurs de bois qui détiennent ce label », insiste Aymeric Albert.
Jérôme Bachet / Tabourets en chêne au siège d’Abibois
… de plus en plus disponible pour les particuliers
Il est cependant parfois difficile pour le particulier de s’approvisionner en chêne de qualité. Les premiers choix partent en effet chez les industriels qui transforment l’essence en parquet ou en mobilier, mais aussi en panneaux de construction et d’agencement. « Hormis quelques cas très particuliers, pour plusieurs raisons, nous ne vendons qu’aux professionnels », confirme Aymeric Albert de l’ONF.
Didier Saco Design / À Saint-Malo, dans une entreprise du groupe Roullier, le parement bois du hall de 200 m2 est composé de lames de chêne dessinées dans le but de créer, avec la lumière, un rythme et une image mouvants.
- Chez les scieurs membres de la FNB, le vent tourne cependant. « Certains industriels développent un service de vente auprès des particuliers, qu’ils ont perfectionné au cours du premier confinement », note Éva Cojean. Ils ne sont cependant pas majoritaires. « Tout va dépendre de la demande du particulier et de ce que proposent les scieurs. » Le mieux est donc d’appeler le scieur le plus proche pour s’informer.
Leur annuaire est en ligne sur le site www.bois-de-france.org. - Les parqueteurs, en revanche, proposent souvent des bois sciés de qualité. Ils ne sont plus très nombreux en France, mais sont recensés en grande partie sur le site du syndicat professionnel www.parquetfrancais.org.
- Les négoces et les GSB demeurent la ressource principale pour les particuliers. « Il ne faut pas oublier que les scieurs les alimentent directement », souligne Éva Cojean. On y trouve en général un large choix de produits en chêne plus ou moins transformé. De nombreux instruments sont mis à disposition des particuliers pour s’assurer de la qualité du sciage ; notamment, encore, sur www.bois-de-france.org.
- Les plateformes et boutiques de vente directe en ligne connaissent un essor depuis plusieurs années maintenant. Elles se sont définitivement consolidées comme des lieux de vente de bois lors du premier confinement. Attention, les prix et les qualités peuvent être très variables. Nous vous conseillons de les réserver plutôt pour les petits projets.
- La vente entre particuliers fonctionne aussi correctement, mais, lorsque l’on recherche un volume précis ou une qualité particulière, il peut être difficile d’y trouver son compte.
Dans tous les cas, il convient d’inspecter le stock de bois en détail – nœuds, fentes, séchage (prévoir un humidimètre) – et de privilégier les marchands spécialisés locaux, qui sauront apporter des conseils d’experts pour le stockage et l’usinage.
Cet article est extrait de L’Atelier Bois 220. Pour découvrir le numéro en intégralité
