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Un bijou de petit placard

Par David Baron

Un travail sur la simplicité des formes pour mettre en valeur la beauté de placages soigneusement sélectionnés.

 

 

 

 

 

 

Des lignes sobres font toujours ressortir la beauté d’un bois. L’emploi de bois massif est souvent source de problèmes, c’est pourquoi il est préférable pour un meuble de qualité d’employer un placage. Le placage utilisé ici a été scié dans l’atelier, à 2,5 mm d’épaisseur, afin de pouvoir traiter les éléments comme du bois massif : rabotage de finition à la main, angles arrondis, et même un retrait pour saisir la porte du bout des doigts.

 

Des panneaux bien plaqués

1- Le point de départ de la porte et des panneaux est une belle planche d’érable fortement ondé. Pour réduire le risque d’arrachements, vaporisez de l’eau sur la surface avant de passer à la raboteuse.

 

2- Sciez les placages jusqu’à 300 mm de large à la scie à ruban, le guide haut réglé à 90° et parallèle à la lame tendue au maximum. La lame doit impérativement être de bonne qualité avec une denture de débit à large pas et à voie généreuse.

 

 

3- Il est beaucoup plus facile de raboter le chant de la planche avant de déligner chaque lame. Vous pouvez employer un bouvet avec un guide à 90°, mais une planche à recaler fait aussi bien l’affaire. Préparez les chants massifs dans la chute de la planche rabotée à 14 mm d’épaisseur.

 

4- Collez les chants à la colle vinylique sur des panneaux de 12 mm d’épaisseur. Une fois qu’ils sont secs, affleurez-les au rabot sur les deux faces en restant bien à plat sur le panneau et en travaillant en biais pour éviter les arrachements. Une défonceuse avec une fraise à affleurer montée sur un gabarit fiable est une autre possibilité.

 

5- La porte aux chants rabotés et les deux placages attendent une presse à vide d’air pour le collage. Choisissez une bonne colle vinylique, avec un temps ouvert aussi long que possible pour faciliter la manipulation. Encollez généreusement les deux faces du panneau puis fixez le placage aux quatre coins avec un ruban adhésif pour éviter qu’il ne glisse dans la presse à vide. Si vous ne possédez pas de presse, la colle contact donne de bons résultats.

6- Le haut et le bas ont une âme de contreplaqué de 16 mm d’épaisseur, fabriquée à partir de deux panneaux de 18 mm. Le placage de 3 mm et les chants massifs de 10 mm sont en ziricote. Un bois dur et gras, difficile à travailler, mais dont on obtient une belle finition. Les chants sont découpés dans une même longueur et joints à coupes d’onglet pour obtenir la continuité du grain. [sous-titre] Assemblages à tourillons

Assemblages à tourillons 

7- L’assemblage des côtés à la base et au-dessus se fait par tourillonnage, à l’aide d’un gabarit vissé au chant arrière pour garantir son immobilité. Les trous des vis sont cachés dans le montage du dos.

 

8- Fraisez des feuillures pour recevoir un panneau arrière en MDF, plaqué deux faces et vissé au dos après collage de la carcasse. Percez préalablement les trous pour les taquets d’étagères. Des taquets à manchons sont plus élégants que simplement insérés dans les trous. [sous-titre] Préfinition avant montage

 

Préfinition avant montage 

9- Un rabot à angle faible facilite le surfaçage des panneaux et ôte toutes les marques de sciage et d’arrachement. Vous en trouverez chez les fabricants Veritas ou Lie-Nielsen, mais il est aussi possible de fabriquer de très bons racloirs à partir de vieux fers de rabot ou de grosses lames de scie à ruban de scierie.

10- Calibrez une cale que vous utiliserez pour monter les pivots en laiton sur la carcasse et les portes. Elle permet de laisser l’espace minimum nécessaire pour la rotation de la porte. Ne laissez aucun jeu lors du montage. Il est toujours possible d’ajuster ultérieurement le passage de la porte par le rabotage du chant inférieur.

 

 

 

11- Pour fraiser les entailles des pivots, la défonceuse est l’outil le plus sûr et le plus simple à employer. Une base transparente permet de bien voir l’usinage en cours. Fraisez jusqu’au ras du trait tracé au couteau et finissez avec un ciseau bien affûté. Observez qu’il y a une cale de soutien pour éviter que la machine ne bascule.

 

12- Les arêtes de la base et du haut sont arrondies par un fraisage. Pour éviter les arrachements au niveau des entailles des pivots, insérez des cales bien arasées. Après un ponçage de finition, appliquez cinq couches d’huile en frottant par gestes circulaires, comme pour un vernis au tampon. Le tampon est une toile de coton ou de lin, remplie de filasse de coton et refermée par un lien en ficelle ou un élastique. Laissez environ six heures de séchage entre chaque couche et conservez le tampon à l’abri de l’air, dans un sac en plastique ou une boîte métallique, pour éviter qu’il ne sèche. Cette finition est agréablement satinée, résistante et facile à réparer en cas de dommage. [sous-titre] Un collage soigné

Un collage soigné

13- Chanfreinez les bords des trous des tourillons avec un fraisoir à main pour éviter que la colle, en débordant, n’entrave le montage final. Encollez et insérez les tourillons dans les côtés avec une cale pour qu’ils ne descendent pas trop profondément (si vous avez utilisé une butée au perçage, cela n’est pas nécessaire). Des tourillons trop serrés risquent de fendre le MDF. Pour éviter cet inconvénient, vous pouvez réduire légèrement le diamètre sur la moitié de la hauteur des tourillons, puis coller cette partie à la colle époxy et l’autre à la colle vinylique. [sous-titre] Des tiroirs pivotants

Des tiroirs pivotants

14- Rabotez la pièce de tiroirs à la largeur exacte, à l’aide d’une planche à recaler d’une base en contreplaqué de 1 200 x 300 x 18 mm. La planche du dessus mesure 1 160 x 240 x 18 mm. La butée de 240 x 40 x 40 est en hêtre. Un tasseau de 20 x 20 mm fixé en dessous sur la longueur empêche tout mouvement latéral de la planche.

15- Pour gagner du temps et faciliter l’équerrage de la coupe, découpez les queues des côtés de tiroirs par deux. Une scie à faible voie permet d’obtenir une coupe bien droite. Pour cela, posez la lame de scie à plat sur l’établi et passez trois fois sur chaque face le long des dents avec une pierre diamantée très fine. Vérifiez le résultat, puis continuez avec une seule passe à la fois jusqu’à obtenir un résultat satisfaisant. Paraffinez la lame pour un meilleur glissement. Les scies japonaises n’ont parfois aucune voie ; l’épaisseur de la lame est légèrement effilée, depuis les dents vers le dos, pour un passage libre.

16- Collez sur les façades du hêtre échauffé de 2 ou 3 mm d’épaisseur, ouvert en portefeuille. N’oubliez pas de prévoir cette épaisseur lors du débit des côtés de tiroir ! Les couleurs du hêtre échauffé font un lien entre le sycomore et le ziricote, surprenant l’œil à l’ouverture du placard. Pour choisir le hêtre, découpez un gabarit de la totalité des façades des tiroirs, et cherchez comment réaliser le meilleur raccord de deux bandes ouvertes en portefeuille.

17- Rabotez les chants des placages obtenus sur la planche à recaler pour obtenir un joint parfait. Vissez sur un panneau de MDF deux tasseaux parallèles, permettant de recevoir exactement la largeur du placage. Pour garantir que le placage soit bien à plat, placez une grande cale bien plane et paraffinée le long de la ligne médiane. Bridez avec de gros poids au milieu et des serre-joints aux extrémités. La planche de base est aussi paraffinée le long de la ligne centrale pour éviter que la colle n’adhère.

18- Le panneau terminé est plan et régulier, avec une ligne de collage invisible. Après un nettoyage au racloir ou au rabot très finement réglé, l’ensemble du motif apparaît. Sciez les façades de tiroir à la scie à ruban et veillez à perdre le moins de bois possible dans le trait de coupe. Collez à chaque devant de tiroir, puis poncez sur une ponceuse à rouleau bridée en fixe sur l’établi. Commencez toujours au milieu pour éviter que le rouleau n’accroche sur le bord.

19- Collez dans les dos des tiroirs, à la colle époxy, de petits morceaux de tige d’acier de 5 mm de diamètre qui doivent juste affleurer.

 

 

 

20- Sur la face intérieure de la carcasse, insérez des aimants de 10 mm de diamètre en face des tiges d’acier précédemment collées au dos des tiroirs. Recouvrez d’une rondelle de feutre pour obtenir un contact aimanté presque imperceptible.

 

 

21- Gainez de cuir fin ou de feutrine les fonds de tiroirs, que vous pouvez ensuite coller dans leurs rainures. Les tiroirs pivotent sur une tige de laiton de 8 mm de diamètre, passant dans des trous correspondants. Entre chaque tiroir, une rondelle de laiton de 0,75 mm laisse le dégagement nécessaire pour l’ouverture. Veillez à la position des trous pour que les tiroirs dégagent bien de la carcasse à l’ouverture. Essayez avec les morceaux d’essai en MDF.

22- Avant le collage final, égrenez la finition huilée à la laine d’acier, puis appliquez une bonne cire en pâte. Veillez, bien sûr, à épargner les zones de collage. La finition est satinée et très douce au toucher.

 

 

23- Avant le collage final, montez la porte dans la carcasse pour vérifier le parfait alignement de l’ensemble. L’absence de cales de serrage s’explique par la présence de liège sur les patins des serre-joints. Observez la petite entaille pratiquée à l’angle de la porte pour l’ouverture.

 

 

24- Le chanfrein en courbe de l’arête inférieure des étagères ajoute un intérêt visuel. Il peut être poussé à la défonceuse avec un gabarit ou au wastringue. Notez, sous l’étagère, les rainures destinées à recevoir les taquets d’étagères. Le tout est fixé au mur par trois vis traversant le panneau du dos, cachées derrière une étagère et un tiroir.

 

Cet article est extrait du magazine N°157 de L’Atelier Bois, > Découvrez le magazine <

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À propos de l'auteur

Oriane L'atelier Bois

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