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Dans les coulisses des ateliers collaboratifs – Partie 1

©Sophie Zénon

Dans les coulisses des ateliers collaboratifs – Partie 1
L’expérience Make ICI : des artisans-entrepreneurs du savoir-faire – EXTRAIT

Né en juin 2012 à Montreuil, le réseau Make ICI grandit depuis à toute vitesse, aussi bien en taille qu’en visibilité : un centre à Marseille, un autre à Nantes, un troisième au Puy-en-Velay, une offre de formation de plus en plus ample, un accompagnement constructif avec des résultats concrets… Make ICI vient, à juste titre, de recevoir le prix Bettencourt de l’intelligence de la main – parcours 2020. Par Alice Heras

©Sophie Zénon

C’est sans aucun doute avec un esprit pionnier et un certain goût de l’aventure que Nicolas et Christine Bard se lancent dans la création de Make ICI au début des années 2010. Ils achètent une part d’usine désaffectée au cœur du vieux Montreuil, là où subsiste encore un tissu artisanal qui se bat pour survivre, pour y développer un endroit pouvant héberger « un artisanat local durable ». Ils décident, en d’autres termes, de créer un espace ouvert à tous les passionnés des matériaux et du travail de la main, pour leur faciliter la tâche. Make ICI prend la forme d’un espace de coworking pour ces passionnés, et en particulier pour ceux qui voudraient éventuellement vivre de cette passion. « Je voyais comment le savoir-faire artisanal disparaissait petit à petit des grandes villes en général et de Paris en particulier, faute d’être valorisé, faute d’espace, faute de moyens », explique Nicolas Bard. L’investissement pour faire démarrer la machine est un pari sur l’avenir : 700 000 euros pour l’achat de l’espace mais aussi de machines pour le travail des matériaux, bois et métal notamment, traditionnelles mais aussi à commande numérique, pour réaliser des travaux de rénovation, de conditionnement, d’isolation, de mise aux normes, pour faire connaître l’espace enfin. « Compte tenu de ce que nous avons été en mesure d’accomplir, l’investissement n’était pas élevé », poursuit-il. Aucune aide à l’époque de l’État, la région ou la mairie, rien que la volonté d’aider tous ces passionnés, petits fabricants de mobilier, designers, des rêveurs en somme, à démarrer leur activité.

©Sophie Zénon

Tissu relationnel

Nicolas Bard actionne, pour ce faire, trois leviers. Le premier : donner à ces passionnés et ces artisans « accès à des machines qu’ils ne peuvent pas se payer ». Leur donner accès également à un espace leur permettant la livraison de leurs produits finis et le stockage des matières premières en petite quantité. Deuxième levier : créer un réseau de professionnels avec des compétences proches, voire similaires. « Mettre en relation, par exemple, des spécialistes du travail du bois avec des spécialistes du travail du métal. Ces compétences parallèles leur permettant de faire une table avec des pieds métalliques et un plateau en bois et répondre à des marchés auxquels ils n’auraient pas eu accès à titre individuel. Mais aussi, connaître des artisans qui ont les mêmes compétences qu’eux pour pouvoir faire face à des périodes de rush ou d’engorgement. Car pour les artisans, c’est ainsi que ça se passe : on fait des devis et des devis, et il ne se passe rien du tout pendant des mois, et soudain, cinq devis sont validés en même temps », souligne Nicolas Bard. Troisième levier enfin : accompagner les résidents de Make ICI en termes de conseil pour entreprendre, mais aussi en termes de marchés et de nouveaux clients à proprement parler. « Nous sommes à l’affût de nouvelles opportunités. L’idée est de faire gagner du temps à nos résidents sur la partie commerciale et administrative, afin qu’ils puissent se consacrer exclusivement ou presque à développer leur savoir-faire. » Un écosystème est né.

Les résidents apportent leurs propres lames de scie pour les découpes du bois. Il est de leur responsabilité de les affûter et les entretenir.
© ICI Nantes

Des formations pour le financement Cependant, pour que la formule Make ICI fonctionne, il est très important de proposer des résidences à des prix défiant toute concurrence. « Les passionnés de bois et les artisans ne peuvent pas se permettre de payer des prix de coworking très élevés. Ils ont pourtant cruellement besoin d’espace. Nos prix varient donc de 250 à 400 euros par mois, en fonction du site et de si l’on vient ponctuellement ou 7 jours sur 7. Dans tous les cas, l’accès aux machines doit être illimité, ce qui implique une surveillance des installations, un responsable de site… » Des impératifs qui ont un coût, financé en très grande partie par les formations très complètes que proposent les différents centres Make ICI. « Nous proposons trois types de formations : celles qui aident les passionnés du travail des matériaux de très bon niveau à devenir artisans-entrepreneurs, axées sur le marketing digital, les réseaux, la communication, mais aussi l’économie circulaire, l’écoconception, la réparation ; celles qui aident les personnes sans emploi à se reconvertir dans les filières que nous identifions comme d’avenir et celles pour les amoureux des matériaux et des machines, qui leur permettent de se perfectionner dans l’utilisation d’un logiciel, d’une imprimante 3D, ou d’une fraiseuse à commande numérique. » Ces formations, dispensées dans des ateliers concomitants par, très souvent, des résidents, permettent au réseau Make ICI de se financer et de se déployer. « Nous pouvons aussi ajuster pour proposer un programme à la carte en fonction de besoins spécifiques. »

Vous venez découvrir un extrait du nouveau numéro de L’Atelier Bois 220, pour découvrir le numéro et l’article dans son intégralité, rendez-vous sur Kiosque21.com

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À propos de l'auteur

Oriane L'atelier Bois

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