L'Atelier Bois

Une version modernisée pour l’établi Roubo

Ce grand classique du XVIIIe siècle est revu et corrigé pour s’adapter à notre temps et à nos besoins.

 

Texte et photos : Gérard Nourigat
Que ce soit pour de la menuiserie de meuble ou de bâtiment, disposer d’un établi est une nécessité quasi incontournable. Cet outil évolue avec nos méthodes de travail et définir ou choisir le modèle adapté à nos besoins n’est pas tâche facile, sans oublier les contraintes budgétaires. Nous vous proposons ici un compromis entre tradition et solutions plus modernes. Ce n’est pas un établi pliant, mais un établi lourd, conçu pour durer et réalisable par vous-même, et, si sa quincaillerie reste abordable, aucune concession n’a été faite sur la qualité.

 

Retour à l’origine

C’est André Jacob Roubo qui, vingt ans avant la révolution de 1789, décrivit en détail dans son ouvrage L’Art de la menuiserie l’établi qui fait encore référence aujourd’hui.
Cette œuvre encyclopédique relatait tout ce qu’un menuisier de l’époque devait savoir du dessin, des outils, des méthodes et de la conception des ouvrages. C’est au chapitre 5, dans la section troisième, qu’il introduit l’établi comme « le premier et le plus nécessaire des outils de menuiserie ». Il consacre pas moins de quatre pages à sa description détaillée qui est complétée par une riche iconographie.
Ce sont certainement les accessoires qui ont contribué le plus au succès durable de ce modèle. Les pieds du côté, où travaille l’ouvrier, forment un plan avec le bord avant du plateau et la traverse inférieure. Ils sont percés de trous pour que des valets de pied bloquent la pièce à travailler dans une large fourchette de largeur. Une butée l’empêchera de glisser durant le corroyage des champs par exemple.

Évolution
Si le concept général a peu évolué du XVIIIe à nos jours, il n’en est pas de même des accessoires. La vis de la presse de pied en acier a progressivement remplacé la fragile vis en bois. Divers dispositifs se sont succédé pour obtenir un serrage parallèle – béquille à trou et goupille, crémaillère à pédale –et chacun d’entre eux a eu son heure de gloire. À la fin du XIXe siècle, dans le faubourg Saint-Antoine, des forgerons eurent l’idée d’une croix de Saint-André en fonte qui, pour la première fois, libérait l’utilisateur de la contrainte d’un réglage adapté à l’épaisseur de la pièce.

OLYMPUS DIGITAL CAMERA

Aujourd’hui, les presses à serrage rapide ont remplacé la presse de pied imaginée par A. J. Roubo, mais aucune ne permet de serrer une pièce de plus de 100 mm de hauteur alors que la presse de pied autorise trois fois plus. La possibilité de serrer une pièce à plat sur l’établi en la tenant par ses deux extrémités fut offerte par l’adjonction d’une seconde presse en bout de plateau. La presse parisienne en « L » a l’avantage de pouvoir serrer des pièces verticalement pour tailler par exemple les queues-d’aronde des côtés d’un tiroir, mais présente l’inconvénient d’un encombrement variable de l’établi. La presse à chariot « à la française » permet de déplacer dans une rainure un mentonnet, sorte de butée alignée avec une butée fixe dont on choisit la position en fonction de la longueur de la pièce.

 

 

Quitter la version mobile