Réalisation Technique et Passion

Un meuble télé au design scandinave

Nous vous proposons de réaliser ce meuble bas de télé inspiré du design scandinave du milieu du siècle dernier.
Par Richard Wile

J’ai eu la chance de pouvoir aller vivre et travailler à Copenhague ces dernières années. C’est une des grandes villes à connaître pour qui aime les meubles et le design. Pendant mon séjour là-bas, j’ai passé pas mal de temps au musée du design du Danemark ainsi que dans de nombreux magasins de mobilier pour m’imprégner du langage et de l’esthétique du design danois. Ça n’est donc pas très surprenant que l’on puisse retrouver cette essence créatrice dans mes réalisations les plus récentes. Pour moi, ce qui caractérise le plus ce courant du design, c’est l’élégante simplicité ainsi que la modernité du mélange des matériaux. Et, je trouve qu’il faut une sacrée dose de talent pour réussir à transformer du contreplaqué mis en forme sous presse en mobilier d’art. Pour la réalisation de ce projet, le client m’avait envoyé une photo prise chez un ami en me disant qu’il voulait à peu près la même chose que ça mais sans piètement métallique. C’est souvent comme ça que démarre mes projets : une idée, une photo, et une vague description qui demande une bonne dose d’interprétation pour pouvoir coucher un plan en 3D sur le papier. C’est pour cette raison qu’une fois que j’ai fait le croquis à la main, je construit généralement une une maquette en modèle réduit, de façon à pouvoir faire valider le design général avant de passer à la réalisation finale. Cette technique de travail me permet aussi de trouver les solutions aux problèmes de structure ou d’assemblage en amont de la réalisation.

Réalisation

Comme pour la plupart des pièces du milieu du siècle dernier, le mot d’ordre est simplicité, donc la structure devra être simple et épurée. Les angles sont assemblés à coupe d’onglet de façon à éliminer les problèmes de peinture qui pourraient survenir avec des assemblages en bout à bout à angle droit, et éviter un design aux lignes brisées sur les côtés. Pour obtenir les proportions générales et les profils des arêtes que je souhaitais, j’ai passé mon stock de bois à 25 mm d’épaisseur et, pour limiter le poids de l’ensemble, je voulais utiliser un bois léger à grain serré pour les éléments peints – j’ai choisi du peuplier dans le cas présent.

J’ai commencé par coller des panneaux larges pour les côtés et l’ensemble de la structure. Ma démarche implique de raboter à la machine stationnaire jusqu’à une épaisseur proche de l’épaisseur finale, puis de minutieusement aligner les assemblages pendant le collage. Cela permet de réduire les opérations de surfaçage à suivre, même si des dimensions comme celles-ci ont forcément besoin d’être reprises au rabot manuel puis poncées à l’épaisseur finale avant de pouvoir passer à l’étape suivante. Les panneaux sont ensuite stockés pendant quelques jours afin de les laisser reposer et finir de prendre. On laisse les panneaux en surcote afin d’éviter d’arrondir les arêtes pendant l’étape du ponçage. C’est une étape déterminante car le moindre défaut qui va rester dans le bois se verra en surface même une fois peint. Il n’y a pas besoin de faire le ponçage de finition pour l’instant, travaillez jusqu’à un grain de 120 pour l’instant – vous aurez plein de temps pour la finition un peu plus tard. Une fois les panneaux terminés, il est temps de passer aux assemblages. On commence donc par déligner les panneaux en fonction de la largeur souhaitée, soit avec une scie sur table soit avec une scie plongeante équipée d’un rail de guidage. Laissez juste ce qu’il faut de surcote pour pouvoir reprendre les arêtes au rabot proprement.

Grosses coupes d’onglet

Les coupes d’onglet sont faites à la scie plongeante.

La découpe de coupes d’onglet précises sur les éléments larges et épais est toujours une gageure. Les petits ateliers devront faire preuve ici d’imagination. Une scie plongeante sur rail est déjà un bon début pour cette tâche. La maîtrise des réglages et de l’entraînement sont obligatoires pour pouvoir faire ces coupes qui ne laisse aucune marge pour faire des erreurs. En réglage à 45°, la scie plongeant est souvent déséquilibrée puisque son poids ne repose sur rien pendant la coupe. Je me laisse généralement pas mal de matière sur les grande pièce pour pouvoir justement faire quelques coupes d’essai et régler parfaitement la machine. L’élément le plus important est le réglage de l’angle à 45° précisément. Commencez avec le réglage de la machine positionné sur 45° et faites une coupe de test. Ajustez votre réglage jusqu’à obtenir la coupe parfaite. Serrez les boutons de blocage de votre scie et éviter les chocs pour ne pas perdre votre réglage. La coupe suivante demande de passer les côté à la perpendiculaire, une équerre de charpentier permet de placer le rail de guidage parfaitement à l’équerre du côté le plus long. Pour un meuble assemblé à coupes d’onglet, comme pour un cadre, il est essentiel que les côtés opposés fassent exactement les mêmes dimensions. Pour y arriver, je coupe généralement les deux pièces en même temps, ce qui me permet de les bloquer par le centre et de faire les coupes sur les deux éléments d’abord d’un côté puis de l’autre. Cela permet de s’assurer que les deux éléments font la même longueur et qu’ils seront d’équerre lors de l’assemblage. Petite vérification à faire pour s’assurer que tout va bien avant de passer à la suite du projet : mesurez les deux extrémités bord à bord, il faut que celles-ci soient identiques en plus d’être parfaitement d’équerre.

Nettoyage des coupes d’onglet au rabot.

J’ai aussi pu constater que cette coupe était un peu lourde pour la machine et que cela avait généré quelques traces de brûlure sur le bois qu’il allait falloir nettoyer. J’ai donc laissé une légère surcote de quelques millimètres avant de faire une dernière passe plus légère tout en douceur. L’autre point clé à surveiller pendant la coupe est la pression exercée sur la scie. Il faut maintenir la scie fermement sur le rail et faire la coupe en un seul mouvement fluide, en évitant toute saccade. Ainsi vous n’aurez pas de marques ou de défaut sur la surface du bois. Afin d’améliorer la surface d’encollage, j’ai fabriqué un guide de rabotage à 45° pour nettoyer les coupes d’onglet des traces de brûlure et des marques de scie.

Assemblage des angles

Système d’assemblage des angles

Les coupes d’onglet assurent une belle surface d’encollage et un montage résistant. Toutefois le collage d’une telle structure n’est pas si simple, j’ai donc choisi de rajouter quelques dominos, histoire de garder les éléments bien alignés et de ne pas avoir à stresser inutilement pendant le collage. Après une coupe test sur une chute, j’ai pu réaliser que les dominos en 8 x 40 mm allaient être trop longs, même en venant caler les dominos au plus près du bord interne des éléments. Ma solution pour que les dominos ne viennent pas si dangereusement près de la surface extérieure a été de (…)

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Redacteur Atelier Bois

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