Terrasse et fixations

Le choix de l’invisible

Avec les beaux jours reviennent les travaux d’extérieur.

La conception comme la construction d’une terrasse font partie de ces travaux extérieurs incontournables que toute personne travaillant le bois (menuisier, agenceur, etc.) ou s’occupant de jardins (jardinier, aménageur d’espaces verts, etc.) doit parfaitement maîtriser. Même s’il n’est pas besoin d’être un grand spécialiste du travail du bois pour se lancer dans ce type de chantier, il n’en reste pas moins vrai qu’il s’agit là d’une construction qui doit répondre à de nombreuses contraintes techniques pour pouvoir offrir un bon résultat tant en termes de solidité que d’esthétique.

Préparation du chantier (Photos 1 à 8)

La bonne nouvelle avec le chantier que nous vous proposons dans cet article, c’est qu’il existait déjà une chape de béton sur laquelle nous avons pris appui pour poser les solives… La mauvaise, c’est que la surface n’était pas plane. Dans un premier temps, nous avons préparé le chantier en enlevant au râteau le plus gros des dépôts végétaux qui s’étaient accumulés avec le temps. Dans un second temps, et sur une si petite surface (environ 30 m2), nous avons dû poursuivre le travail au balai. Si la surface à nettoyer est trop importante, ou si les saletés sont trop profondément incrustées, je vous recommande un décapage par pression d’eau. Il faudra terminer par la pulvérisation d’un produit antimousse et éventuellement d’un désherbant (uniquement si la végétation a profondément colonisé les fissures). Il faut aussi prévoir l’écoulement de l’eau sous la terrasse. C’est pourquoi les lambourdes de châtaignier (de 60 à 70 mm de largeur par 27 mm d’épaisseur) sont vissées sur des supports en bois imputrescibles, eux-mêmes vissés par des chevilles dans la chape à une distance d’environ 60 cm. J’ai choisi des lambourdes de châtaignier (bleues et non jaunes car plus économiques) non seulement parce qu’elles offrent une excellente résistance aux insectes et à l’humidité, mais également parce que les vis en Inox de fixation des lames de terrasse y pénètrent facilement ; alors qu’avec le bois exotique, elles ont tendance à casser.

(4) L’emplacement de chaque plot de support a été nettoyé au burin à brique et à la massette.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commencez par la fixation des extrémités des lambourdes extrêmes et centrales, en les calant si besoin, pour obtenir une relative planéité. Concernant les niveaux, vous utiliserez une règle pour les grandes longueurs et un cordeau bien tendu pour celles jusqu’à 2,5 m. Lorsque la hauteur à rattraper est trop importante, on peut utiliser des plots en plastique pour supporter les lambourdes. Cette solution est également à retenir lorsque l’on se trouve confronté à un problème comportant d’importantes quantités d’eau à évacuer (piscines, toits-terrasses, etc.) ; avantage supplémentaire : une facilité de travail pour une parfaite mise à niveau… mais c’est plus cher et il faut avoir une réserve de hauteur suffisante ! La grosse difficulté reste la répartition des lambourdes (calepinage) qui doivent, dans l’idéal, avoir 50 cm d’entraxe (jamais plus de 60 cm). La jonction d’extrémité de chaque lame se fait directement à plat chant par vissage sur la lambourde. Autant dire que de la finesse du calepinage dépendra l’importance des chutes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pose de lames vissées (Photos 11 à 16)

La pose de lames par vissage par l’extérieur reste la solution la plus économique, la plus rapide et la plus utilisée… seul désagrément, la vis reste apparente ! Certains considèrent que, dans le cas de lames de terrasse, c’est sans importance, pour d’autres c’est un inconvénient majeur ! Je me propose de vous donner des indications sur les deux méthodes. De toute façon, quelle que soit la méthode retenue, il faudra toujours commencer le travail par la pose d’une ligne de lames de référence, comme pour un parquet. Si vous avez la chance, comme dans ce chantier-ci, d’avoir un mur droit, c’est lui qui servira de base de départ. L’alignement des lames de cette première ligne sera alors donné par le cordeau. La fixation se fera par vissage à la vis Inox (le mieux), bichromatée ou zinguée (acceptable mais moins bien) ; jamais à la vis en fer !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les jeux

Pour des lames de bois dont le taux d’humidité est supérieur à 20 %, laissez de 4 à 5 mm de jeu entre deux lames, jamais moins. Pour une humidité aux alentours de 15 %, il faut prévoir 9 mm. Pour du mélèze d’Europe ou de Sibérie, à partir de 24 mm, le joint entre deux lames devra être au minimum de 7 mm. (Source : données sur les terrasses de l’Association européenne des raboteries industrielles.)

 

Pour un espacement régulier entre deux lames, taillez-vous des cales à l’épaisseur désirée (voir encart 3). Dans du bois tendre (mélèze, pin traité, châtaignier, etc.), il n’est pas indispensable de prévoir d’avant-trou, mais le travail sera plus propre si vous en faites un avec un évidement pour la tête de vis. En revanche, dans du bois dur (massaramba, ipé, acacia, etc.), il faudra impérativement y avoir recours, à moins d’utiliser des vis autoforantes (efficaces mais chères). Esthétiquement, pour un résultat agréable à l’œil, les têtes de vis devront toutes être alignées.

Pour ce faire, vous pouvez utiliser une règle ou un cordeau. L’empreinte des têtes de vis (Pozidriv, Philips, Torx, etc.) est sans importance, quoique la prise soit meilleure avec une empreinte Torx. Vous pouvez aussi bouchonner les têtes de vis, mais il s’agit là d’un travail long et fastidieux peu rentable. De nos jours, il est préférable d’utiliser un système de fixations invisibles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pose par fixations invisibles

• Système B-fix (Photos 17 à 27 )

Le système de fixation B-fix est un original système belge de fixation invisible qui garantit une finition impeccable pour vos planchers extérieurs. Fabriqué en Inox, il est inaltérable. Son principal avantage est sa facilité et sa rapidité de mise en œuvre. Il respecte les mouvements de contraction et de dilatation des diverses essences de bois, permet le démontage des planches, même celles en position centrale, et assure des joints réguliers. D’après le fabricant, il permet un gain de temps allant jusqu’à 40 % par rapport à une méthode traditionnelle bouchonnée. Son seul inconvénient réside dans le fait qu’il ne peut être employé qu’avec des lames aux chants rainurés. Opération qu’il est, en fait, facile de pratiquer en deux coups de scie circulaire.

• Système Quatro 65 de chez Knapp (Photos 28 à 32)

Le système Quatro 65 de chez Knapp est un système polyvalent pour lames de terrasse et panneautage. Comme le B-fix, il est invisible mais sa mise en œuvre est plus longue. Une fixation se compose de deux pièces identiques en plastique vissées sous la lame par des vis à têtes fraisées. Des repères latéraux, gravés dans le plastique, permettent un positionnement pour obtenir des joints entre les lames allant de 0 (panneautage) à 10 mm.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les différentes pièces rapportées de système Domino, respectivement montage de lames d’extrémité, montage de lames juxtaposées.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

• Système par Domino® de chez Festool (Photos 33 à 40)

Le système de chez Festool fait appel au système d’entaille Domino®. Une fois les deux entailles faites à chaque liaison (une de chaque côté), il suffit de visser sur la lambourde les éléments rapportés en plastique. La mise en œuvre est très semblable au système Knapp. Personnellement, des trois systèmes, je préfère le B-fix avec l’inconvénient d’avoir à entailler une rainure tout au long de chaque lame… à moins de pouvoir se procurer facilement des lames toutes prêtes.

Conseil
Plus les lames seront longues et/ou de longueurs identiques, et moins vous aurez de chutes, c’est pourquoi les lames de terrasses sont presque toujours proposées en 4 mètres. Méfiez-vous des promotions et vérifiez avec soin la concordance des largeurs, les régularités de longueur, l’importance des défauts d’aspect (taches, aubier, etc.).

 

 

En savoir plus

• Plots de mise à niveau
Solidor Rubber & products BVBA
Site internet : www.solidor.be

• Systèmes de fixation invisible Knapp Quatro 65
Site internet : www.verbinder.com
Contact en France : 06 19 98 37 48
Courriel : franceinfo@knapp-verbinder.com

• Systèmes de fixation invisible B-fix
B-fix Sindrila sprl
Site internet : www.b-fix.be

• Système Domino® Festool
Festool TTS
Site internet : www.festool.fr

Cet article est extrait du magazine N° 162 de L’Atelier Bois > Découvrez le N°162 <