Voici quelques options pour vous faciliter la vie lors de la réalisation de ces assemblages sur des grandes dimensions.
Sur le papier, ou pour les non-initiés peut-être, les charpentiers et les menuisiers sont souvent confondus avec les ébénistes et vice-versa. En fait, avant le milieu du 18e siècle et l’importation massive d’essence de placage, les charpentiers et les menuisiers fabriquaient les meubles. Et si l’on peut observer certaines similarités, il existe un grand fossé entre les techniques et le savoir-faire des uns et des autres si l’on regarde de plus près l’étendu des réalisations de chaque corporation. À l’occasion de quelques collaboration avec des menuisiers dans leurs ateliers de production, j’ai pu constater à quel point leur art les pousse à l’économie des gestes. Peut-être est-ce dû à la dimension des pièces qu’ils travaillent, que celles-ci restent plus longtemps à un endroit avant d’être changé de poste. De plus, les charpentiers et les menuisiers sont bien moins obsédés par la peur de briser l’atome à chaque passe du rabot.
Et puis, il y a l’utilisation des machines… assez classiquement un même réglage va servir à plusieurs types d’opération assez similaires permettant ainsi de se passer de nombreux repères et tracés à l’exception d’un petit gribouillis pour indiquer le sens de passe ou l’orientation du bois. En cela, je respecte et j’envie le talent du menuisier qui simplifie les tâches mais qui sait aussi précisément où et quand prendre le temps de vraiment rentrer dans les détails.
Dans un atelier mixte classique, où on utilise des outils à main et des machines, on a besoin de pouvoir passer d’un univers à l’autre et il est ainsi possible de noyer les frontières et de fonctionner un peu plus à la façon d’un menuisier.
Il y a un peu plus d’un an, je m’étais décidé à me construire un nouvel établi, sans autre raison que celle de me dire que c’était une bonne idée sur le moment et, pour être vraiment honnête, parce que j’avais envie de tester quelque chose de différent. Charrier des éléments larges et lourds n’est jamais une partie de plaisir quand on est tout seul, de même que faire un assemblage à blanc en solo est un véritable challenge, quand ce n’est pas juste physiquement impossible. Pour un ébéniste, passer au-delà de ce process revient à jeter toute prudence aux orties et à mettre de côté le manuel du bon maître d’art pour adopter une approche plus pragmatique de la situation et du projet à réaliser. Plus facile à dire qu’à faire.
Ré-apprendre les bases
Un des principes de base du bon ébéniste est de résister à la tentation de travailler à partir des cotes de façon à obtenir ce tiroir parfaitement ajusté ou ce délicat coussin d’air d’une porte impeccablement installée. Si vous vous retrouvez en train de commencer à calculer la quantité à raboter pour obtenir la bonne arête d’ajustement, alors vous êtes certainement en train de passer à côté du truc ; ce niveau de précision a plus à voir avec ce qui ne se mesure justement pas mais qui se ressent, plutôt que ce que vous pouvez quantifier et les technique qui vous permettront d’y arriver. Grand ou petit, le moyen le plus précis de déterminer un bon ajustement entre deux éléments en bois, c’est encore le toucher ou bien d’utiliser les éléments comme des gabarits ou des repères.
Le piètement de cet établi intègre quatre traverses qui sont assemblés à mortaises et tenons dans les pieds. Les cadres avant et arrière du piètement finissent l’assemblage qui connecte le piètement au plateau de
l’établi, ce sont les derniers éléments qui seront collés pour le montage final. À ce niveau de la réalisation, les pieds peuvent être placés dans les mortaises et dressés pour établir les lignes d’épaulement pour les tenons sur les traverses. Bloquer les traverses sur l’extérieur des pieds permet de les maintenir en place pendant que vous travaillez autour des cadres. J’utilise les dimension du haut des pieds, au niveau de la jonction avec le plateau, comme guide pour le réglage de la position à venir du cadre par rapport au pied. Le plus choquant pour moi, c’est que je n’ai pas réussi à obtenir une jonction à 90° sur l’ensemble des positions. Aussi, plutôt que d’en perdre le sommeil, j’ai fini par faire une structure qui permet de ne pas se retrouver en tension sur les coins.
Confrontation à la scie à ruban
Je suis toujours très impressionné par les personnes qui sont capables de régler leur scie à ruban en refente de façon à sortir des feuilles de placage à partir de morceau de bois sans générer d’arrachement et avec une véritable constance dans l’épaisseur de la feuille. Si ce niveau de précision n’est pas au-delà du possible pour qui possède une scie à ruban, ce n’est quand même pas fréquent. La scie à ruban de l’atelier dans lequel je travaille n’est pas forcément traitée avec une grande délicatesse car elle sert un peu à tout et n’importe quoi. Par exemple, les tourneurs sur bois utilisent généralement leur scie à ruban pour détailler leurs ébauches de bols, ce qui peut avoir tendance à user prématurément un coté de la lame plus que l’autre. Sinon, la plupart d’entre nous aime bien recouper les chutes de bois pour alimenter le poêle de l’atelier. Et les ébénistes alors !? Eh bien, ils souhaitent juste être capable de régler le guide parallèle afin de sortir une coupe droite. Au regard de ce que je viens de dire, je trouve que cela fonctionne plutôt pas mal sur les petits morceaux de bois, donc je fais confiance à ma scie à ruban pour débiter des tenons sur la longueur.
En revanche, ce qui m’ennuie plus, c’est que je ne peux pas en dire autant pour la coupe des joues car, comme beaucoup, j’ai tendance à déborder. Si vous avez l’impression de lire l’histoire de votre propre scie à ruban, ne désespérez pas, cela n’empêche pas d’utiliser la machine pour le mieux. C’est comme un avion finalement, les moments les plus délicats sont le décollage et l’atterrissage ; ce qui, rapporté à l’univers du sciage, nous amène à nous concentrer sur le trait de scie initial (décollage) et sur la limite de coupe à l’autre bout (atterrissage). Partant du principe que la table de votre scie à ruban est parfaitement calée à 90° par rapport à la lame, vous pouvez initier le trait de coupe sur quelques millimètres avec la machine éteinte. Cela permettra de lancer une sorte de pilote automatique pour démarrer le tenon. Par principe le trait de scie sera plus large que votre scie à dos classique, donc n’oubliez pas de placer votre trait de scie en conséquence sur l’extérieur de vos repères. Commencer par tailler les joues avant de passer aux épaulements permet de limiter le risque de dépasser la ligne de base du tenon et de le fragiliser.
En revanche, ce qui m’ennuie plus, c’est que je ne peux pas en dire autant pour la coupe des joues car, comme beaucoup, j’ai tendance à déborder. Si vous avez l’impression de lire l’histoire de votre propre scie à ruban, ne désespérez pas, cela n’empêche pas d’utiliser la machine pour le mieux. C’est comme un avion finalement, les moments les plus délicats sont le décollage et l’atterrissage ; ce qui, rapporté à l’univers du sciage, nous amène à nous concentrer sur le trait de scie initial (décollage) et sur la limite de coupe à l’autre bout (atterrissage). Partant du principe que la table de votre scie à ruban est parfaitement calée à 90° par rapport à la lame, vous pouvez initier le trait de coupe sur quelques millimètres avec la machine éteinte. Cela permettra de lancer une sorte de pilote automatique pour démarrer le tenon. Par principe le trait de scie sera plus large que votre scie à dos classique, donc n’oubliez pas de placer votre trait de scie en conséquence sur l’extérieur de vos repères. Commencer par tailler les joues avant de passer aux épaulements permet de limiter le risque de dépasser la ligne de base du tenon et de le fragiliser.
Raccourcis pour tenons
La majeure partie du temps, quand je découpe des tenons et des mortaises pour des meubles, je commence avec (…)